Article de presse

Attentats de l’Hyper Cacher : je n’oublierai jamais ces images

Ce jour-là, les minutes ont semblé durer des heures. David en garde un traumatisme tel qu’il n’est pas sûr que les années parviendront à l’effacer. Ce 9 janvier, le trentenaire, originaire des Lilas (Seine-Saint-Denis), avait stationné sa voiture face à l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes (XIIe). Il comptait manger un sandwich, avant d’aller acheter une bouteille de champagne dans ce supermarché, qui allait être, quelques minutes plus tard, le théâtre de la sanglante attaque perpétrée par Amedy Coulibaly. Comme des dizaines d’autres victimes de la tuerie, il a été reçu jeudi dernier par les juges en charge de l’instruction et s’est constitué partie civile.

« Nous étions assis dans ma voiture avec un ami, en train de regarder sur un petit poste de télévision l’attaque de Dammartin-en-Goële perpétrée par les frères Kouachi, quand soudain, j’ai vu un homme, un grand noir, avec un sac de sport, armé d’un kalachnikov. Il pointait son arme vers l’Hyper Cacher, le regard fixe, comme hypnotisé, vers l’entrée du magasin, se remémore David. Il a tendu son pied pour que les portes s’ouvrent et une première détonation a retenti. Mon ami, pétrifié, a lâché la cigarette qu’il allait allumer et s’est enfui en courant, en me criant de le suivre. Je n’ai pas pu. Je ne parvenais pas à comprendre. J’ai même cru à un pétard.Et puis soudain, j’ai vu sortir un homme terrifié, le bras en sang. »

C’est Patrice Oualid, le gérant du magasin. Il vient de parvenir à s’enfuir après avoir reçu une balle. Il est un peu plus de 13 heures. Et puis soudain, une seconde détonation retentit : « Cette fois, je suis sorti de la voiture, la peur au ventre, persuadé que le tireur allait me voir et je me suis réfugié dans la station-service, caché derrière une pompe à essence. L’atmosphère était étrange. Il n’y avait pas un bruit dans la rue, très peu de monde ? Je n’ai entendu qu’un seul hurlement, strident. Je n’ai jamais su d’où il provenait. »Puis David avise des policiers et se précipite vers eux en expliquant confusément ce qu’il venait de voir : « L’un d’eux m’a alors tendu son téléphone portable, avec la photo du tireur : C’est lui? m’a-t-il demandé. J’ai répondu oui. Ils se sont alors regardés avec son collègue d’un air entendu, en disant : C’est Coulibaly. Je ne comprenais plus rien. » Le lendemain, après l’assaut, lorsque David a récupéré sa voiture restée garée face à l’Hyper Cacher, il a retrouvé une carcasse, vitres brisées, percées de 17 impacts de balles, vraisemblablement tirées par Amedy Coulibaly.

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Photo : LE PARISIEN/ARNAUD JOURNOIS

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